L'histoire de Tellin, village entre Lesse et Lhomme, est étroitement liée à l'art campanaire.
La cloche existe depuis l'Antiquité. Les Chinois en fabriquaient déjà deux mille ans avant notre ère. Les premiers Chrétiens en firent un symbole d'appel, de ralliement et de communication. Selon la tradition, saint Paulin (353-431), évêque de Nole (Italie, Campanie), introduisit l'usage des cloches dans l'Église.
Les cloches furent d'abord fondues sur place, à proximité des églises et monastères, par des fondeurs itinérants appelés saintiers à cause des effigies de saints qui décoraient leurs cloches. En effet, les moyens de communication ne permettaient pas de transporter des charges importantes. De plus, les octrois à payer aux entrées des villes, au passage d'un pont, augmentaient le coût des cloches. C'était donc les fondeurs qui se déplaçaient. Les principales dynasties de fondeurs (Joris, Perrin, Gaulard, Causard,...) provenaient de villages du Bassigny, dans la Haute-Marne, en Lorraine française.
Vers 1806, un incendie ravagea le village de Tellin. En 1821, l'église fut à nouveau brûlée ainsi que les trois quarts des habitations. Elle fut reconstruite en 1829. Une cloche de 806 livres ¾ fut coulée au pied du clocher en 1832 par Charles Causard. Tous les fondeurs étaient unis d'une façon ou d'une autre par des liens familiaux. Charles Causard apprit le métier auprès de son oncle, Joseph Perrin.
En Belgique, le système libéral favorise le commerce et supprime les droits et taxes hérités des anciennes structures ; les routes sont plus confortables. Les fondeurs se sédentarisent et les fonderies se multiplient. À Tellin, Charles Causard rencontre Lucienne Slégers qu'il épousera en 1834. En 1832, il décide de construire une fonderie fixe qu'il installe dans un atelier de pièces en fer. Certaines circonstances favorisent l'installation de Charles Causard à Tellin. Des Postes importantes y favorisent les échanges de courrier. De plus, le village compte de nombreuses petites entreprises : une fonderie de fer, des tisserands de toile de chanvre, des briquetiers, des sabotiers, une maréchalerie,... Enfin, on y trouve l'argile, le bois, le charbon de bois, la mine de plomb,...
De Charles Causard à Georges II Slégers, de 1832 à 1970, quatre générations de maîtres fondeurs vont se succéder à la tête de l'entreprise familiale. Grâce à sa situation sur la route de la diligence qui reliait la France à l'Allemagne, la fonderie connut un essor économique remarquable, favorisé également par la nécessité de reconstruire le patrimoine religieux détruit lors de la révolution française, et par la multiplication des paroisses et donc des églises suite aux appels du Vatican à marquer le siècle par une présence massive et visible de l'Église.
Des milliers de cloches furent coulées dans l'atelier du Val des Cloches. On en retrouve au Canada, en Colombie, en Corée,... La plupart des villages des alentours sonnent les cloches de Tellin. Citons en exemple le bourdon de l'Abbaye de Maredsous, d'un poids de sept tonnes, qui porte une inscription latine que l'on peut traduire ainsi :
Des amis m'ont donné à l'abbé Colomba
Pour son jubilé
Les Allemands me brisèrent et m'emportèrent
Lorsque sévit la guerre
Avec la paix je revins
Deux fois, à Tellin, Slégers me fondit
Deux fois la Reine me donna son nom
Elisabeth
Les deuils et les allégresses
C'est moi qui les chante
Si on me touche
Guy DE PLAEN, Les cloches de Tellin vers 1830, Tellin Fonderie, une fenêtre sur le patrimoine, mars 2016 n°1, pp.16-22.
C.E.M. Réthymnon, I.E.A.C. L'Isle-Jourdain, Musée de Tellin, Cloches Carillons Musique, Commune de Tellin, 1998.
Philippe SLÉGERS, Il était une fonderie de cloches à Tellin, s.l., 2004.